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Torah et psychologie
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29 août 2012

LE NOMADE ET LE SEDENTAIRE Les premières étapes

LE NOMADE ET LE SEDENTAIRE

  

Les premières étapes du développement de l’être humain

Parmi les premiers principes dont la Torah nous parle, j’en expliquerai deux à la lumière de la psychologie d’aujourd’hui. Il s’agit de Caïn et d’Abel.

Caïn et Abel représentent deux types fondamentaux d’êtres humains : le cultivateur et le berger. L’un a choisi de s’installer et l’autre de bouger. Je ne me situerai pas au niveau  objectif et concret mais au niveau plus subtil et plus subjectif de la psychologie de l’être humain. Il existe parmi nous des personnes qui s’installent et s’identifient à leur environnement et d’autres qui ont « choisi » de partir à la découverte d’eux-mêmes au sein même de leur lieu de vie.

Ceux qui s’installent à l’instar de Caïn sont représentés par les personnes  qui vivent dans un système « d’identification ». Ces personnes sont identifiées, c’est-à-dire qu’elles adhèrent totalement à toutes les valeurs objectives : à leur profession, à leur position sociale, à leurs idées, aux modèles environnementaux, au consensus social, etc. Ce sont les possédants : ils veulent posséder : la terre, l’argent, l’autre (le conjoint, les enfants, etc), en un mot ils veulent garder le pouvoir. Ce sont des personnes dans la conviction, dans les croyances, dans les idées toutes faites, dans une parole utilitaire, une parole qui ne parle pas, au sens où seule  la parole signifiante fonde la spécificité humaine. Ils fonctionnent à partir du concept de « pouvoir » et non pas « d’autorité », comme il se devrait.

Ces personnalités abritent une grande violence intérieure (inconsciente) qu’elles dénient. Ce déni de leur réalité intérieure se traduit de deux manières :

-         ce sont des personnes qui masquent ce déni en adhérant au monde extérieur sous toutes ses formes : des formes les plus simples vécues au sein des familles, aux formes plus complexes des institutions politiques, sociales et/ou religieuses. 

-         et l’autre manière de dénier cette violence intérieure c’est de la projeter sur l’autre. Le juif, depuis toujours, a joué ce rôle de support projectif à la violence inconsciente et déniée des peuples.

Pour résumer je dirais que ce type de personnalité, le type « Caïn » sont des personnes qui  veulent développer une « bonne image d’eux-mêmes ».Ce sont des personnes qui ont une grande volonté de réussir avec les outils de l’objectivité.

Il est dit de ce type d’humains, le type Caïn, qu’il « a été acquis » par Hawa : J’ai acquis un homme, avec l’Eternel ! soit une double aliénation dans le sens où :

-         cette humanité « Hawa » en se réclamant du divin, en justifiant sa position comme étant en droite ligne avec le divin, fait du divin un partenaire à part égale marquant ainsi le déni qui existe de la séparation ontologique, radicale, entre le créateur et sa créature. L’Autre n’existe pas car il est ramené à du même. L’Etre est ramené à être un partenaire. Le Tout Autre est objectivé, réifié. Il devient un petit autre, un partenaire.

 Le juif, quant à lui, prend en compte cette séparation ontologique. C’est pour cela      qu’il est nommé « hébreu » de la racine hébraïque « Ivri », celui qui est passé « de l’autre côté ». Cet « autre côté » prend en compte ou institue la séparation entre un côté et l’autre, entre le « petit autre » et le « Grand Autre », entre une manière de penser, de se comporter, et une autre manière d’Etre, une manière d’Etre Autre dans le même monde.

- et, deuxième type d’aliénation : « acquérir » un homme, comme il est dit dans le texte, c’est enfermer l’autre dans un statut d’objet : Caïn est le fils de sa mère. Pas d’ouverture pour lui. Il est possédé et il possède car il dépend d’un autre, d’un « petit autre ».

Notre  humanité abîmée a perdu le lien avec son origine (Adam), l’être humain dans une relation lumineuse à lui-même et à l’autre,  et substitue à cette absence de transparence une image du divin. Cette humanité ne peut donc pas engendrer un être sain, indépendant, séparé. Caïn  a été acquis, comme un objet, il est donc possédé et il possède. Il est d’entrée de jeu, aliéné par la collusion qui existe entre une motivation originelle faussée et l’image du divin qui vient « équilibrer » cette position faussée.

Et puis nous avons le deuxième type d’être humain : les Abel. Abel signifie, buée, vapeur. Celui qui ne possède pas. Celui qui est disponible. Celui qui sera en vérité, dont l’action sera en accord avec son intention : son sacrifice sera agrée alors que celui de Caïn sera refusé. Caïn est celui qui a fait son sacrifice pour s’en débarrasser, comme une corvée, comme une obligation dont il faut bien s’acquitter. Abel, quant à lui, a fait son sacrifice par don, en toute gratuité, par plaisir de le faire, par motivation intuitive, par ouverture à l’Autre, au mystère de vie dont il se sent porteur. 

Abel est la personnification des gens simples qui agissent honnêtement sans le vouloir, sans toujours le savoir. Ils sont forts, plus forts en vérité que le type d’être humains « Caïn »  mais ces derniers les auront par la ruse car la nature honnête des « Abel » ne les prédisposent pas à s’en méfier.

Caïn, le possédant,  tuera Abel, par jalousie, par impérialisme, pour conserver une bonne image de lui, pour ne plus avoir sous les yeux celui qui est en vérité alors même que lui-même est piégé. Caïn ne peut concevoir la notion de gratuité.  Il agit par devoir. Abel agit par intuition du « Tout Autre ».

Caïn tuera Abel pour rester dans la toute puissance de son aliénation et dans le déni de cette aliénation. C’est le type même de tous les extrémistes qu’ils soient athées ou religieux, simples membres d’une famille ou à la tête d’un pays. Ce sont des personnes qui se réclament d’une idéologie ou d’une religion et qui, de part leur identification à ces valeurs, ne peuvent accorder à l’autre une place pour exister face à eux. Ils ne supportent aucune altérité, aucune différence : ils sont piégés dans une appartenance.

Cette position statique entraîne bien évidemment une culpabilité (la culpabilité vient occuper l’absence d’espace intérieur ;  nous ramenant ainsi au fonctionnement paradoxale du psychisme) que les Caïn ne semblent pas ressentir : suis-je le gardien de mon frère ? nous montrant par cela même qu’il se défend contre ce qu’il ne veut pas admettre. 

La réalité psychique ne se laisse pas dominer par le déni de l’être humain et celui-ci aura incontournablement, à en subir les conséquences : Caïn perd son statut, sa position, sa place, la terre ne lui prodiguera plus sa force. Il sera errant et vagabond. Il mourra sous les coups d’un de ses descendants. 

Errant et vagabond ne signifie pas qu’il se déplace sur la terre car la Torah nous explique qu’il s’installe et qu’il prend femme. Errer et vagabonder signifie, dans le langage biblique : ne plus être dans une position de vérité, de justesse, de connaissance, d’unité intérieure. Mais passer d’une croyance à une autre, d’un rite à un autre, d’une manière de penser à une autre, etc. Le mouvement qu’il n’a pas intérieurement, piégé qu’il est dans la possession où sa mère l’a installé, il cherchera à le retrouver en passant d’un objet extérieur à un autre, et ainsi de suite dans une quête sans fin, sans but, sans signification jusqu’à ce que la mort vienne mettre un terme à cette folie.

Cette histoire nous renseigne sur le paradoxe fondamental de notre fonctionnement :

-         être aligné, c’est être unifié intérieurement : je pense une chose, je la dis et j’agis en conséquence. Cet alignement intérieur permet une séparation d’avec celui qui n’est pas moi et instaure de ce fait l’altérité et la possibilité du mouvement relationnel avec celui qui agit ainsi.

-         Etre divisé, c’est chercher à l’extérieur de soi, dans un mouvement privé de racines, une compensation à l’absence d’unité intérieure. Quand j’ai trouvé un engagement extérieur quelconque, j’y suis identifié et je ne permets pas à l’autre de m’insécuriser. Cette position statique empêche tout mouvement relationnel, toute altérité et suscite une violence à la hauteur de l’adversaire supposé. 

A la suite de Caïn et Abel viendra plus tard  un autre « enfant », un autre fils, une autre étape : Chèt. Une troisième et dernière tentative qui sera, celle-ci, la première de toute une lignée générationnelle. Chèt aura lui-même un fils, Enoch : Alors on commença d’invoquer le nom de l’Eternel. (Béréchit § IV v. 26). C’est-à-dire que l’être humain  commence à comprendre qu’il existe une loi.  La loi du comportement humain. Notre manière de nous comporter, de penser, de parler, est signifiante et suscite des conséquences au niveau événementiel.  Les événements ont un sens (une signification) et un sens (une direction) et nous en sommes responsables. L’être humain prend conscience que nous sommes installés dans une histoire obscure qui ne demande qu’à être éclairée afin de retrouver ce rapport lumineux à nous-mêmes du premier couple adamique.

 

 

 

 

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