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Torah et psychologie
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29 août 2012

MOISE OU LA SORTIE DU DETERMINISME Si la Bible

 

MOISE

OU

LA SORTIE DU DETERMINISME

 

 

 

Si la Bible est le livre le plus lu au monde ce n’est pas parce  c’est un livre d’histoire religieuse mais bien plutôt parce que son récit, de toute éternité, nous parle de nous et nous enseigne  les lois qui nous régissent : lois de la nature et  lois de la spiritualité. Il faut bien évidemment pouvoir décrypter cet enseignement et nous l’approprier afin de progresser dans la connaissance.

Il existe 4 grandes manières de lire la Torah, du sens littéral au sens secret en passant par le sens allusif et symbolique. Mais il existe 70 manières de l’interpréter. Mon interprétation se fonde sur mon expérience clinique et sur ma connaissance actuelle des textes.

 

J’aime à prendre l’exemple de Moïse et de la sortie d’Egypte pour aider mes patients à donner du sens à leur histoire individuelle. En effet, ce récit n’aurait qu’un intérêt très limité si nous le cantonnions à un événement qui s’est déroulé il y a 3000 ans. Si ce récit  m’intéresse autant c’est qu’il nous apprend que le destin de l’être humain n’est pas de rester cantonné aux lois de la nature et donc du déterminisme de nos pathologies individuelles mais de pouvoir exercer un libre-arbitre afin de travailler à la pleine réalisation de nos identités spécifiques. Nous verrons un peu plus loin que, paradoxalement, le libre-arbitre consiste à respecter la parole divine. Ce respect de la parole divine sera, pour chacun d’entre nous, un processus qui devra prendre en compte nos maturités respectives, sous peine de sombrer dans l’idolâtrie d’une pratique vidée de sens.

 

 

LES DEGRES DE REALITE

 

Les lois de la nature dans lesquelles nous sommes inscrits et qui correspondent dans la tradition juive au terme « Elohim » ne constituent qu’une partie de notre réalité : notre déterminisme. En effet, nous ne pouvons rien changer à ce qui nous constitue d’une manière déterminée : notre sexe,  l’époque et le pays dans lequel nous sommes nés, nos gênes, l’espace et le temps. Pourtant l’être humain peut accéder à une autre dimension de la réalité, s’il le désire. Et c’est Moïse qui nous l’enseigne.

 

Ce dépassement des lois de la nature fut préalablement inauguré par Abraham qui, après avoir vu dans les étoiles que son destin était prédéterminé, eu l’intuition qu’il existait une autre dimension. Il décida d’écouter cette intuition et pour se faire « d’aller vers lui-même », « vers une autre terre », la terre de la promesse… Il sortit de  l’endroit où il était installé, de ses habitudes, de ses croyances, pour partir vers… l’inconnu. Il donna ainsi naissance à un type d’êtres humains qui écoutent leur voix intérieure et qui décident de la traduire en actes.

 

Moïse s’inscrit dans cette lignée-là. Bien qu’étant Prince d’Egypte il appartient à cette catégorie d’individus appelés « Hébreux »,  « ceux qui sont passés de l’autre côté du fleuve », c’est-à-dire, ceux qui ont l’intuition qu’il existe  un « au-delà » aux lois de la nature.

 

Cet « au-delà » se définit par une qualité de relation au monde, à soi et donc aux autres et une manière éthique de se conduire. Cette manière d’Etre va très souvent à l’encontre du contexte ambiant et un très petit nombre de  personnes ont le courage d’oser la déstabilisation qu’entraîne le respect de soi-même, le respect d’une spécificité individuelle.

 

Moïse, ce Prince  d’Egypte, qui pourrait n’avoir que mépris pour les esclaves de son royaume, est révolté par le traitement qui leur est fait et son sens de la justice lui fait commettre un acte irréversible,  il tue un représentant du clan social auquel il appartient : le contremaître égyptien qui  maltraitait les esclaves hébreux. Cet acte entrainera sa perte : il devra fuir et abandonner  son pays, sa famille, son statut social. Il n’a  plus rien, il  n’est plus rien.

Le peuple dans lequel il se reconnaît avoir des liens d’affinité, c’est-à-dire le peuple hébreu, est également dans une situation de précarité et de dénuement extrêmes. Ce peuple a, lui aussi,  tout perdu et est maintenant confronté à la mort de son futur par le meurtre de ses enfants mâles.

 

Moïse quitte donc son connu et part vers son destin. Il arrive à Midian, sauve les filles de Jéthro des bergers et fait boire leurs troupeaux. Il est accueilli par le Prêtre de Midian et épouse une de ses filles. Il devient berger et à son tour garde les troupeaux. De la position la plus haute qu’il occupait en Egypte il se retrouve  le plus humble parmi les humbles : gardien de troupeaux.  

Alors qu’il est dans cette position de grand dénuement  il va vivre une expérience mystique déterminante qui le déstabilisera totalement  et qui s’imposera à lui de façon définitive.

 

L’EXPERIENCE MYSTIQUE DE MOISE

 

Libéré de tout souci matériel, Moïse, seul à la tête de son troupeau va faire une expérience subjective fondamentale : il comprend que la dualité dans laquelle nous sommes créés n’est pas  seulement constituée  de deux pôles contradictoires qui ne peuvent que s’opposer mais que ces contraires peuvent donner naissance à une unité qui les englobe tous deux. Cette expérience mystique, intransmissible, nous est décrite sous plusieurs formes ayant le même dénominateur commun : une transgression majeure des lois de la physique :

-          le buisson était en feu et cependant ne se consumait point.

-          Moïse jette sa verge à terre, et elle devint un serpent. Il le saisit par la queue  et il redevint verge dans sa main.

-          Il mit sa main dans son sein, l’en retira, et voici qu’elle était lépreuse, blanche comme la neige. Il remit sa main dans son sein, puis il l’en retira, et voici qu’elle avait repris sa carnation.

 

Moïse comprend qu’il existe au-delà des lois de la nature, quelles soient végétales, animales ou humaines,  une réalité autre que l’on peut nommer « réalité spirituelle ». Ou encore, que la réalité, telle que nous la connaissons revêt différentes dimensions, qui se superposent les unes aux autres et auxquelles nous pouvons avoir accès, sous certaines conditions.

 

Il lui est dit : « l’endroit que tu foules est un sol sacré ! ». D’après son étymologie le mot « sacré » signifie  séparé ! Il ne s’agit pas d’un autre sol mais d’un sol autre, un sol d’une autre qualité. C’est  toujours la même terre, mais elle peut être perçue de façon différente. De façon qualitative et non plus seulement objective.

 

Commence alors pour Moïse un terrible  débat intérieur: il perçoit la grandeur et les possibilités extraordinaires de la dimension qualitative à laquelle il se connecte mais il ne peut consentir à obéir à cette intensité. C’est trop grand, c’est trop fou !

Pourtant cette voix intérieure devient de plus en plus impérieuse et s’impose et impose. Mais comment parler de tout cela ? Qui le croira ? Qui comprendra ? Lui-même vivant cette expérience ne peut l’assimiler facilement. Pourra-t-il traduire en mots ce qu’il vient de vivre et qui échappe à toutes les catégories connues de la nature ?  Pourra-t-il traduire en actes ce à quoi il vient d’avoir accès ? Pourra-t-il incarner l’Unité de Celui dont on ne peut prononcer le nom car « Il Sera ce qu’Il Sera » : une mise en paroles et en actes de ce qui s’impose en nous comme étant une vérité ?

 

Moïse sait que s’il consent à suivre cette voix en lui il va entrer dans un  processus de difficultés majeures qui, par un juste retournement des choses, ira jusqu’à la destruction de Mitsraïm, économiquement et culturellement par la mort de ses premiers-nés. Mais, pour que ce retournement ait lieu Moïse devra opérer en lui une alchimie douloureuse qui le déstabilisera totalement. Car Moïse ne retourne pas en Egypte avec une armée pour libérer le peuple ! Il n’est pas habité par le désir de se venger de ce que le pouvoir lui a fait subir en le chassant. Ce n’est pas un révolté qui part faire sa révolution. Il part seul avec Aaron. Deux hommes désarmés mais non point démunis !

 

Cette libération dont il est question n’est pas une révolte mais une alchimie intérieure : de l’Egyptien qu’il était, Moïse va se transformer en Hébreu. Et par sa Téchouva entrainera derrière lui tous ceux qui en feront autant.

Cette Téchouva va le conduire dans des endroits inattendus de son psychisme où il fera l’expérience de l’échec du rapport causal et linéaire qu’il entretient encore avec lui-même : « Mon Dieu pourquoi as-tu rendu ce peuple misérable ? Dans quel but m’avais-tu donc envoyé ? Depuis que je me suis présenté à Pharaon pour parler en ton nom, le sort de ce peuple a empiré, bien loin que tu aies sauvé ton peuple ! ».


Bien avant lui Abraham avait vécu la même expérience : il recevait l’ordre de sacrifier son fils, alors même que ce fils était le symbole de la sortie de son déterminisme (car il avait vu dans les étoiles qu’il n’aurait pas d’enfant).

 

Ces deux personnages vivent des expériences qui les amènent à comprendre que  le rapport horizontal à l’existence qui est objectif, causal, temporel, et que notre intelligence intellectuelle nous permet d’appréhender, ne constitue pas toute la réalité. Il   existe aussi, dans le même temps, la possibilité d’une relation verticale qui elle, fonctionne selon d’autres lois qui sont  qualitatives,  circulaires, progressives et atemporelles.

Seul le respect de notre subjectivité, de notre intériorité, de notre « Isha » intérieure permettra de développer cette relation verticale.  Moïse en fait l’expérience dès sa première confrontation avec la réalité extérieure. Les choses ne marchent pas simplement, facilement, objectivement, comme il le pensait ou comme il le ressentait avec sa sensibilité extérieure et ses bonnes intentions. Il fait l’expérience du rapport au Tout Autre, qui nous habite, et avec lequel nous pouvons être en relation, mais qui ne nous obéit pas.

 

Toute proportion gardée, cette première plainte de Moïse n’est-elle pas la même que celle de celui qui commence à relever  la tête face à un patron tyrannique ou face à des parents toxiques ? Sa situation devient beaucoup plus inconfortable que s’il restait en position de victime soumise.

Il a beau être réassuré quant au bien fondé de son action, il est confronté à un terrible sentiment de solitude : Moïse redit ces paroles aux enfants d’Israël ; mais ils ne l’écoutèrent point…

Désillusion, solitude, voilà par quoi commence le chemin vers soi-même et vers le Tout Autre qui s’y cache.

Avant que Moïse puisse opérer une sortie de l’esclavage il lui faudra, à l’instar d’Abraham,  affronter 10 épreuves car il est prit en étau entre Pharaon et les Hébreux et les armes qu’il utilise ne sont pas les siennes. Sa foi devra chaque fois se renforcer. Ces épreuves  seront une occasion de chute pour certains et une occasion de prise de conscience pour d’autres.

A l’issue de ces épreuves certaines identités seront construites et la porte s’ouvrira pour ceux qui auront accomplis cette alchimie intérieure. Pour les autres se sera la destruction et la mort.

  

Pour ceux qui ont su voir dans ces plaies un sens au-delà de la seule objectivité, la porte de la liberté s’ouvrira mais pour que cette libération soit complète et définitive il leur faudra accéder à une autre étape : être enseigné sur  les lois spirituelles. Car si les Bn’ei Israël n’intègrent pas la Loi ontologique ils seront sans repères et n’auront qu’une envie : retrouver les repères de la seule objectivité visible et démontrable.

Moïse va donc leur transmettre le mode d’emploi pour qu’ils puissent se réapproprier le processus afin de l’intégrer à titre individuel. Ce sont les 10 paroles. 

 

NOTRE LIBERATION

 

L’expérience paradigmatique de Moïse doit nous servir d’exemple pour accomplir notre propre libération individuelle et, -en qualité de membres responsables au sein du peuple juif- collective.

Il faut avoir le courage de reprendre à notre compte le processus dont Moïse nous montre le chemin. Dans ce texte le processus nous est décrit étapes par étapes dans des 10 plaies.

 

Nous sommes attaqués dans les midot qui ne sont pas développées en nous.  

 

-          Les eaux changées en sang.

Prise de conscience d’un problème d’identité. Quand notre identité n’est pas construite nous sommes habités par différents types de haines qui conduisent au meurtre symbolique ou réel.

-          Les grenouilles.

De même que la grenouille sort de l’eau (l’indifférencié) pour sauter sur le sec (l’objectivité) nous ne devons pas rester fondu dans le groupe, anonymes parmi des anonymes, mais nous affirmer dans notre spécificité individuelle. Quand nous sommes indifférenciés au sein du groupe, nos croyances nous servent de repères identitaires et nous souhaitons les imposer aux autres pour nous convaincre du bien-fondé de notre position.  

-          La vermine.

L’affirmation de la différence se fait alors dans le rapport de pouvoir et la violence qui en émane plutôt que par l’autorité et l’exemple qu’elle enseigne. Pour se faire la personne doit retrouver son sens de l’honnêteté et l’assumer envers et contre tout.

-          Les taons ou les bêtes féroces.

Il va nous falloir descendre dans nos ténèbres intérieures pour nommer les instincts qui nous habitent afin de ne plus être dominés par eux.

-          La peste.

La parole qui nommera en vérité notre réalité intérieure nous préservera de toutes sortes de destruction : maladie,  accidents, etc. Toute parole non reliée à sa symbolique qui l’enracine dans sa dimension ontologique est une parole qui détruit car elle réifie.  

-          Les boursouflures

L’égo devra être réduit à sa plus simple expression et ne pas créer de boursouflures à la surface du Moi. Il doit rester l’outil qui ne permet d’aller et venir entre extériorité et intériorité.

-          La grêle.

Les bénédictions seront transformées en malédictions si la prière reste un exercice mental sans lien avec ma subjectivité et mon action dans le monde.

-          Les sauterelles.

Apprentissage de l’humilité par acceptation de notre impuissance face aux mouvements de groupe et aux grandes idéologies.

-          Les ténèbres.

Obscurité et incertitude seront le lot de ceux qui ne sont pas en connexion avec leur intériorité.  Lumière de la compréhension pour les autres.

-          La mort des premiers-nés.

Ce que tu auras fait à autrui te reviendra sous une forme symbolique identique.

 

Seule l’affirmation de ta différence au sein de ta maison, (le sang sur les linteaux), c’est-à-dire à tes propres yeux, te préservera et sera à l’origine de ta libération. Tu n’imposes rien aux autres, tu travailles à ta libération.

 

Ces différentes prises de conscience œuvrent à nous nettoyer de « l’ancien » (et non pas du passé) pour nous préparer au « nouveau » (et non pas à l’avenir), car l’ancien et le nouveau sont du présent.

 

Une fois ce premier parcours effectué, ce nettoyage de « l’ancien » en nous,  il nous faut recevoir de nouvelles règles, des règles de vie, de développement de la vie en nous. Car la vie est un processus d’accomplissement qui n’aura pas de fin. Ce « mode d’emploi » pour vivre est concentré dans les 10 paroles. 

 

La première des paroles est une affirmation : Je suis l’Eternel ton Dieu  qui t’ai  fait sortir de la terre de Mitzraïm, de la maison des esclaves.

Cette affirmation est un mouvement qui conduit d’une situation d’enfermement vers une ouverture. C’est le Désir, la pulsion de vie en nous, qui nous pousse à sortir  de la dépendance à l’autre pour une obéissance à l’Autre ; c’est cela le libre-arbitre : être dans la connaissance des lois spirituelles et les respecter et c’est ce qui nous conduit à la pleine réalisation de nous-mêmes (chemin asymptotique s’il en est).

 

Deuxième parole :

Ne pas se mettre sous la coupe d’autres « dieux » : ne pas s’identifier aux valeurs sociales, scientifiques, économiques, politiques, idéologiques, religieuses, etc. Ne doit exister pour l’hébreu que le rapport vertical au Tout-Autre ou, pour être plus précis : les valeurs du monde horizontal doivent être vécues dans un perpétuel rapport à la verticalité, c’est-à-dire à l’éthique.

 

Troisième parole :

Ne pas utiliser le Nom en vain. C’est-à-dire ne pas utiliser le concept de D. pour justifier nos actions. Comme le font les religions instituées qui agissent « au nom de D. »

 

 

 

 

Quatrième parole :

Tu es libre, tu vas travailler « pour faire ». Il y a une règle : travail pendant 6 jours et bilan du travail le 7éme jour : mon action a-t-elle été conforme à l’éthique et au respect de moi-même ?

 

Cinquième parole :

Tu es libre, autonome, bien que tu sois inscrit dans une chaîne de transmission par tes parents. Tu dois pouvoir leur redonner la place qui est la leur, et toi, occuper la place qui est la tienne. Le lien entre vous est un lien de transmission et non pas un lien de dépendance.  

 

Les 5 autres paroles portent sur les rapports que tu vas avoir avec les autres. Comment vas-tu gérer tes envies, tes désirs, ta convoitise ?

Il y a risque de meurtre, de s’emparer de ce qui n’est pas à toi, d’accuser l’autre.

 

Voilà donc le plan de base dont l’application est nécessaire pour intégrer une libération qui ne peut être que physique au départ.

Car ce que Moïse nous enseigne ce n’est pas le travail sur l’extériorité : avoir un plan, une stratégie, une politique, une force, un pouvoir, une influence, des alliances, etc… mais un travail sur l’intériorité. Ce travail sur l’intériorité n’est pas exclusif du reste mais ce reste doit lui rester soumis.  

Cette différence entre « travail sur soi » et « position de pouvoir » est très bien illustrée par le conflit qui éclate entre Moïse et Kora’h. Au niveau de l’apparence extérieure Moïse est un chef, un stratège, un homme de pouvoir à qui on peut disputer ce pouvoir. Kora’h n’ayant pas accès à sa propre intériorité ne verra chez Moïse que cette apparence extérieure et il ne verra aucun obstacle à revendiquer pour lui-même la position de Moïse. Il ne voit pas qu’il existe une différence de nature, une séparation qualitative entre eux. Moïse est relié à ce mystère, à ce processus de vie qui n’obéit pas aux seules lois de la réalité objective. Il n’occupe pas une position de pouvoir, il occupe une position d’autorité. Ce qui fait toute la différence entre quelqu’un qui agit avec son Ego et quelqu’un qui agit à partir de son Moi en processus de développement.

En apparence les choses sont identiques mais en réalité elles sont différentes, elles sont Autres.

 

C’est le rapport éthique à soi-même qui libère et qui protège. Ceci s’illustre dès la 4ème  plaie quand il est dit que l’Eternel différencie les Bn’ei Israël des Egyptiens pour les protéger des nuisances. Or, les Bnéi Israël sont ceux qui ont compris et qui suivent Moïse et non pas le peuple hébreu en tant qu’entité objective. Car 1/5ème seulement de ce peuple « objectif » sortira d’Egypte. Les 4/5ème restant ont vu eux aussi mais n’ont pas pu adhérer à ce mouvement et ont préféré les fausses stabilités de l’Egypte.  Le sang sur les linteaux de la porte est bien le symbole de la nouvelle identité à laquelle on aspire et que l’on a commencé à mettre en place pour soi-même. 

 

CONCLUSION

 

La sortie du déterminisme, de la soumission à un destin tout tracé : par notre naissance, par notre position sociale, par le fait que nous soyons porteurs d’une transmission transgénérationnelle est possible, à la condition que nous développions notre relation à notre intériorité, à cette dimension subjective de nous-mêmes dont nous ne connaissons rien, si ce n’est qu’une sensiblerie de mauvais aloi qui nous fait prendre « des vessies pour des lanternes ». Si le respect de l’autre n’est pas précédé du respect de nous-mêmes nous sommes dans une relation de pouvoir qui se cache derrière un altruisme  sentimentaliste. Cette erreur de jugement nous conduit à notre perte en nous faisant croire que nous privilégions des valeurs de vie. Il s’agit d’être dans la Connaissance et non pas dans la Croyance d’être dans la connaissance. Moïse est dans la Connaissance et Kora’h croit qu’il peut rivaliser avec Moïse.

Toute la différence est là entre Etre et Croire.

 

 Cela  nous amène à comprendre que la réalité à laquelle nous sommes habitués, une  réalité objective et mesurable, n’est qu’une infime partie de la réalité à laquelle nous pouvons avoir accès.

Nous comprenons alors qu’il existe un monde qui fonctionne avec notre intelligence intellectuelle et un autre monde, qui est le même tout en étant Autre, et qui fonctionne par le respect de notre subjectivité, de notre affectivité. Ces deux mondes, ou ces deux modes de fonctionnement, doivent ne faire qu’Un : Je pense, j’exprime aux autres ce que je pense, et, après réajustement de mes positions par confrontation avec les autres,  j’agis en fonction de ma pensée et de ma parole exprimée.

Je  précise une fois de plus que la subjectivité n’est pas le ressenti. La subjectivité est constituée de toute la dimension expérimentale d’un sujet et non pas seulement d’un simple ressenti ponctuel et éphémère.

Si cette dimension à notre intériorité n’est pas développée nous n’avons pas accès à la Loi éthique mais celle-ci se pervertit alors en morale de bas étage où seules les bonnes intentions ont force de loi avec le poids de mort qu’elles entraînent. Une intention qui n’est pas fondée sur la connaissance sera toujours un choix de mort, pour soi et pour l’autre.  

Ce que Moïse nous enseigne n’est pas une petite histoire dont on peut s’acquitter simplement. Il nous apprend comment choisir la vie et ce choix nous demande d’interroger l’Eternel en nous comme il le fit quand Korah lui disputa le pouvoir.

 

La pratique juive est la mise en acte d’une intériorité. Faire une mitsva sans l’accompagner de la conscience de ce qu’elle représente ne développe aucunement la spiritualité. « Naassé VéNichma » introduit un mouvement perpétuel entre « faire » et « comprendre », « comprendre » et « faire ». Une pratique qui serait vidée de tout respect de soi (certains peuvent faire beaucoup d’autres peu) reviendrait à s’aliéner plutôt qu’à se libérer. Nous resterions  « divisés » et « dépendants »  tout en croyant être « séparés » et « reliés ». La différence est de taille car d’un côté nous « évoluons » vers un enferment  fanatique et de l’autre notre assise intérieure nous permet une  relation de respect et d’amour avec les plus démunis spirituellement.   

Si la grenade est le symbole d’Israël pour nous montrer que nous devons vivre tous ensemble : réunis mais différenciés, le loulav quant à lui nous rappelle que cela doit se faire sans discrimination aucune.  

 

 

 

 

 

 

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