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Torah et psychologie

Torah et psychologie
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22 mai 2013

איך להסתדר עם הילד קשה

מה שכתבה האישה הזאת נגע בלבי ולמחות העברית שלי לא טוב אני רוצה לענות לה 

אני ממש מופתעת לקרוא על כל  מני עדויות וכל מני עצות שלא עוזרות כלל. גם כל מיני צורות של רגישויות.

חשוב להבין איך פועל את הנפש. כשאנחנו חוסרים סמכות זה הסימן שיש לנו אלימות גדולה בתת-הכרה שלנו אבל האלימות הזאת היא הכחשה.

כמו האלימות  היא הכחשה אנחנו לא מעזים להתבטא כמו שצריך לילד שלנו.

אנחנו פוחדים להרגיש רגשות רעים כלפי הילד שלנו.

זאת לא התנהגות בריאה

התנהגות בריאה היא להרשות  לעצמנו להרגיש רגשות רעים. אבל לא להתנהג לפי אותו הרגש הזה.

 זה לא אותו דבר להתנהג טוב עם רגש רע מאשר להתנהג טוב ''בלי'' רגש רע. בלי רגש רע זה לא נכון כי כשהילד מרגיז אותנו זה נורמלי להרגיש עצבנות.. אלימות מהיווה חלק גדול בבני-אדם וזה חשוב לקחת אותה בחשבון. 

הילד הוא מרגיז כשהוא מרגיש שההורים שלו הם מנותקים מהאלימות שלהם.

לעומת זאת ילד שמבין שההורים שלהם הם מחוברים עם האלימות הפנימית שלהם הם מתנהגים בשקת.

זה הפרדוקס של הפעולת נפש.

האלימות מהווה פעולה נרמלית של בני-אדם  ומה שחשוב זה לא להכחיש אותה אלא לנהל אותה ולטפל בנושה.

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22 mai 2013

Etre religieux ou ne pas être religieux ? Telle est la question.

 

De nombreuses personnes très respectueuses des Mitsvot (commandements) s’étonnent souvent de rencontrer de multiples   difficultés dans leur vie : « je ne comprends pas, je fais tout bien et il m’arrive des tuiles ».  Il est important de savoir qu’il n’existe pas de lien logique entre faire une mitsva et vivre en harmonie dans la vie. Les choses sont un peu plus complexes. Etre religieux ce n’est pas appliquer une méthode, par peur, par culpabilité, pour se faire bien voir de l’Eternel ou de sa communauté. Etre religieux c’est  apprendre à faire le lien entre ce que je sais et ce que je ressens, au moyen d’une mise en mots. Etre religieux c’est se poser des questions et ne pas faire de liens abusifs, c’est être dans un processus qui permet de transformer un savoir en  Connaissance. Etre religieux c’est accepter la différence de l’autre parce qu’on a compris que chacun a son rôle, sa place, son destin. C’est ne pas lutter contre, mais témoigner pour.

Quand nous vivons des difficultés c’est qu’effectivement il y a quelque chose à comprendre. Pourquoi l’Eternel se serait-il « fatigué » à nous envoyer 10 plaies si ce n’était pour que nous comprenions un certain message ? Mais il n’y eu qu’un cinquième du peuple hébreu qui tira les bonnes conclusions de ces épreuves de vie. En ce qui nous concerne, comment réagissons-nous au constat de nos difficultés ? Certains renoncent totalement aux mitsvot en disant que « tout ça c’est des bêtises puisqu’on obtient rien de mieux à bien se conduire » ou « la religion c’est bon pour les faibles, pour ceux qui n’assument pas leur responsabilité, pour ceux qui  sont  incapables de vivre sans béquille ». Ces personnes agissent comme Caïn, par intérêt : « si ça ne rapporte rien alors pourquoi se fatiguer ? »

Et puis il y a les autres, ceux qui rajoutent des exigences aux exigences espérant ainsi se protéger du mal en se gardant à distance des autres, ou pensant acquérir une bonne image d’eux ou se préserver d’une  sanction qui ne manquerait pas d’arriver s’ils oubliaient la moindre petite chose. Ces deux types de réactions dépendent de la personnalité de chacun, mais ni l’une ni l’autre n’est le signe d’une spiritualité vivante. Elles font l’économie d’un questionnement et d’une recherche de sens. Ce sens je dois le chercher mais je ne dois pas le trouver. Je dois accepter de ne pas tout comprendre tout de suite, de n’avoir pas de réponse toute prête. Je dois accepter de rester dans ce processus de questionnement jusqu’à ce que le sens  s’impose à moi sous la forme d’une prise de conscience.

Le sens n’existe pas en soi, il existe pour chacun d’entre nous en toute relativité. C’est-à-dire qu’un événement n’a de sens que pour celui qui le vit car c’est lui qui saura comment inscrire cet événement dans toute la subjectivité de son histoire personnelle. A l’exception de ce lien précis et strictement individuel, toute autre forme de liaison serait de l’ordre du fantasme. Comme celui de croire qu’il  existe  un lien causal  entre ma pratique religieuse et les difficultés  que je traverse.

Pratiquer les mitsvot c’est comprendre que la vie a du sens et qu’on doit se comporter selon un ordre établi. Mais cela vaut également et je dirai même, surtout, pour tous les aspects de notre vie profane.  Que penser d’une personne dite « religieuse » qui vous vole, qui vous ment, qui vous abuse ? Ces personnes sont sensées savoir que la morale et l’éthique sont les valeurs premières du judaïsme et qu’elles s’exercent avant toute autre chose dans la relation à l’autre, au quotidien. Que vaut-il mieux ? Vivre une relation éthique à l’autre sans faire de mitsvot ou faire des mitsvot et ne pas respecter son prochain ? Aucune de ses deux options n’est la bonne : les mitsvot nous apprennent la cohérence intérieure et cette cohérence intérieure nous devons en témoigner dans tous les domaines de notre vie.

 

 

 

 

 

8 avril 2013

La liberté d'être soi-même

Pour se libérer il faut déjà commencer par identifier nos liens. Le lien est ce qui entrave mais c’est également ce qui lie.

Etre lié à l’autre c’est être en relation avec l’autre.  Et c’est parfois être entravé par cette même relation. Prenons des exemples :

-                          Si mes parents m’ont toujours jugé incapable, je me sens incapable et par conséquent je le deviens.

-                          Si je parle de quelqu’un en ces termes : - « c’est une personne handicapée», cette personne restera définie par son handicap.

Et de même pour : - « c’est le monsieur qui a eu un cancer », ou « c’est la dame qui a divorcé », « ce sont les gens qui ont perdu leurs enfants dans cet attentat », etc. Tous ces exemples tendent à définir l’autre selon un moment précis de sa vie et cela va contribuer à colorer  ses relations  car il sera perçu à travers ce prisme. Cela peut paraître peu de choses mais les conséquences de ces  habitudes de comportement  ont des incidences négatives sur tous les protagonistes.

Voici un autre exemple  d’enfermement : « dans un couple c’est la femme qui est responsable de la réussite ou non du couple ». Quand cette vérité n’est pas comprise comme il se doit cette injonction enferme  la femme dans une position de soumission et d’esclavage qui n’est bénéfique à aucun des membres de la famille.

Ainsi à de nombreux endroits de nos vies nous souffrons d’enfermements sans pouvoir toujours les repérer.

Se libérer exige d’en prendre conscience et ce travail n’est pas facile car les personnes ainsi enfermées dans ces définitions n’osent pas se rebeller par peur du rejet de leur entourage.

Une jeune femme m’expliquait : - « ma famille a l’habitude de venir « m’emprunter de l’argent », qu’on ne me rend jamais bien entendu. La dernière fois j’en ai prêté mais j’ai demandé à ce qu’on me le rende et mon oncle s’est écrié : - « mais je ne te reconnais plus, ce n’est plus toi, ta thérapie ne te réussit pas, tu deviens égoïste ! ». Cette jeune femme fut si traumatisée par cette réponse qu’elle est retombée dans le don sans retour auprès de ses proches et a expliqué : - « si je change ils ne me reconnaîtront plus ! »

Alors la question se pose : à qui devons-nous fidélité et obéissance ? A l’Eternel.

Notre relation à l’autre doit se redresser pour devenir une relation au Tout-Autre. A Celui qui nous redresse, qui nous guérit, qui nous libère de l’esclavage des relations fausses et déséquilibrées où un des proches  peut exploiter l’autre sans états d’âme et l’enfermer dans des habitudes comportementales afin de pouvoir l’utiliser selon son bon vouloir.

Il est important que nous repérions quelques-unes de ces formes s’instrumentalisation de l’un par l’autre, à la fois ce que nous faisons subir aux autres et ce que nous subissons nous-mêmes. 

 

 

 

8 avril 2013

L'Indépendance

 

Pour un pays, l'indépendance est lacquisition de son autonomie, essentiellement dans le domaine politique, ainsi que le fait de ne pas être soumis à une autre puissance. Un pays indépendant dispose de son propre gouvernement et se dirige lui-même.

Mais qu’en est-il dans le domaine privé ?

A l’époque de confusion qui est la nôtre nous confondons « indépendance » avec « individualisme ».

Qu’est-ce que l’indépendance véritable ?

Tout d’abord c’est un processus. Un processus identitaire : לך לך, un re-centrage. Un processus de discernement entre ce qui appartient aux autres et ce qui m’appartient. Quelle est ma culture, ma foi, mon but, mon éthique ? En un mot c’est la définition d’une identité : j’apprends à me connaître grâce aux autres.

L’individualisme, tout au contraire, est un centrage sur soi-même. L’individualiste se prend lui-même pour le centre des choses et par conséquent il se retire de la relation à l’autre. L’autre ne lui sert pas à se parfaire mais il se sert de l’autre pour accéder à un but défini par avance.

Cette attitude n’est évidemment pas juive. Le judaïsme met l’accent sur le respect de l’autre, sur la réconciliation avec l’autre et sur le shalom. Quand, le vendredi soir, on partage le pain : לחם c’est pour éviter la guerre מלחמה et chaque semaine la famille retrouve son unité  dans une sympathique dysharmonie car cette unité est constituée d’individus différents qui apprennent à penser par eux-mêmes !

Non les juifs ne sont pas des individualistes. Mais ils cherchent à être des individus au sein d’un groupe.

Etre indépendant c’est penser par soi-même, agir en son nom propre et assumer la responsabilité de nos paroles et de nos actes. Pour se différencier des autres il faut être capable de dire « non » et de mettre des limites à ce qui nous est proposé si cela ne correspond pas à notre éthique personnelle.

Les nations  reprochent au peuple juif d’être « dominateur et fier de lui », comme si le fait de s’affirmer soi-même dans la différence signifiait : « vouloir dominer l’autre » ! C’est ce qu’on veut nous faire accroire mais c’est exactement le contraire : une personne indépendante ou un pays bien défini à ses propres yeux dans ce qui le rend unique, ne chercheront jamais à dominer qui que ce soit. Ils travailleront toujours à leur propre discernement afin de ne pas tomber dans les pièges toujours plus subtils de leurs adversaires.

Car ceux-ci trouveront toujours à  culpabiliser ceux qui travaillent à obtenir leur indépendance et l’affirmation de leur identité. Ils les  accuseront d’être agressifs s’ils mettent des limites, ils les accuseront de se défendre quand ils sont attaqués et ils exigeront qu’ils paient  les dommages causés par leurs agresseurs ! 

Etre indépendant c’est être libre dans le respect d’une Loi. Nous avons acquis cette liberté avec Pessah, nous allons acquérir notre indépendance avec Shavouoth. Car c’est le respect de la Loi de Moïse qui constitue, paradoxalement, notre liberté et notre indépendance car c'est grâce à elle que nous construisons notre identité.

 

29 août 2012

Transmission

TRANSMISSION :  

TRANSGRESSION ou IDENTIFICATION 

 

Je souhaite illustrer mon propos sur ce thème de la transmission en prenant un exemple tiré

d’une interview publiée dans  Psychologies Magazine n° 309 entre le magazine et David Servan-Schreiber :

Tu sembles avoir une grande force en toi, qui t’a permis, sans doute, de mener tous tes combats. Sais-tu d’où elle te vient ?

D.S.-S. : Si c’est vrai, elle me vient de mon père.

Penses-tu particulièrement à lui aujourd’hui ?

D.S.-S. : Oui. Il y a une photo de lui là, sur le mur. On se regarde souvent…. Il a toujours eu des attentes assez exigeantes à mon égard. Cela me rassure de les remplir. C’est un peu comme aller mettre des cierges dans les bons endroits.

Dirais-tu que tu t’identifies à lui en ce moment ?

D.S.-S. : Fatalement. J’habite l’appartement dans lequel il a vécu toute sa maladie, je suis assis sur le fauteuil où il était assis, j’ai la même canne, je porte les mêmes chaussures, je suis assis à la même place à table, je regarde les mêmes films… Cela me procure un sentiment de continuité.  

Dans ce que tu vis, es-tu davantage centré sur toi ou porté par cette dimension de transmission ?

D.S.-S. :Je suis très porté par cette dimension-là, mais j’ai décidé de m’en méfier un peu. Parce qu’il faut vivre ce que l’on vit, et non pas vivre uniquement pour transmettre 

Que signifie transmettre ?

Il existe plusieurs types de transmission :

-         la transmission du savoir,

-         la transmission des valeurs.

Dans le cas qui nous préoccupe ici il s’agit de transmettre des valeurs or les valeurs morales ne se transmettent pas de la même manière que se transmettent les connaissances intellectuelles. Les valeurs morales se transmettent par l’exemple et à l’insu du transmetteur et le savoir se transmet délibérément au moyen des supports propres à  l’enseignement.

Les valeurs morales universellement connues sous le nom des10 commandements sont apprises depuis plus de 3000 ans : tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, les biens de ton voisin, etc… comme on apprend les mathématiques, l’histoire et la géographie. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que l’apprentissage  de ces valeurs n’ait pas vraiment porté ses fruits. Nous sommes là en présence d’une transmission intellectuelle qui aura peut-être permis à l’humanité de ne pas  s’être encore auto-détruite, mais ce n’est pas ce que l’on pouvait espérer de mieux. 

De même qu’il  convient de différencier  le savoir de la connaissance, il faut savoir faire la différence entre la notion d’apprentissage et la notion de  transmission

Le savoir est souvent improprement appelé « connaissance intellectuelle ». Or, l’étymologie du concept de « connaissance »  est autre. Connaître c’est co-naître, c’est-à-dire, naître avec. Soit, une autre manière de dire : naître à moi-même avec l’expérience qui m’est donnée à vivre.  Il faut comprendre et intégrer les leçons que la vie nous présente afin d’en tirer un sens qui nous permette de naître à nous-mêmes, de nous co-naître.

Donc, nous résumons :

-         un apprentissage du savoir pour participer à l’évolution de la science et des techniques : c’est l’Ecole.

-         une transmission des valeurs par des êtres qui vivent les valeurs morales : c’est la qualité d’Etre du professeur. 

Pour une évolution harmonieuse, les deux devraient, idéalement, co-exister. Car

comme le disait Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».  L’un  doit accompagner  l’autre si nous voulons rester équilibrés et éloigner de nous le risque de la violence et de la destruction.  

Quand dans l’interview David Servan-Schreiber dit : Je suis très porté par cette dimension-là, (de la transmission) mais j’ai décidé de m’en méfier un peu. Parce qu’il faut vivre ce que l’on vit, et non pas vivre uniquement pour transmettre.

Il comprend sans le dire et en le nommant faussement que c’est le fait de vivre, tout simplement, qui est le support de la transmission. Et si nous voulons transmettre de bonnes choses il faut que la qualité de nos vies soit bonne. Plus nous vivrons bien, qualitativement parlant, éthiquement parlant, plus nous transmettrons (à l’insu de notre intellect) de bonnes choses à nos enfants, à nos proches, à l’humanité.

Comment développer la qualité de nos vies ?

Si le savoir intellectuel est facile à transmettre, la connaissance, quant à elle, s’acquiert beaucoup plus difficilement.

Un enfant que l’on oblige à aller à l’école contre son gré finira bien par acquérir quelques éléments de savoir mais on ne pourra pas l’obliger à être une bonne personne.

Le professeur est chargé d’enseigner les différents savoirs auxquels nous avons choisi d’avoir accès mais, de tradition, la transmission de la connaissance sera du domaine des religieux.

Il existe deux types de religieux : les leaders et les mystiques. Les leaders nous apprennent la religion comme s’il s’agissait d’un savoir et les mystiques vivent une vie éthique à laquelle nous n’avons pas accès.

Comment trouver son chemin personnel entre ces deux positions ?

Le Judaïsme est un mode de vie personnel qui allie les deux : le savoir et la connaissance. L’apprentissage des textes, de la Torah et l’accomplissement de l’enseignement dans la vie quotidienne.

Mais tout le monde n’est pas juif ; de même, tout juif n’est pas forcément dans la conscience de la nécessité de cette reliaison intérieure et bien souvent les choses se bornent à l’apprentissage de la Torah. Pourtant toutes les fêtes et toutes les mitsvot s’emploient à nous aider dans l’intégration des valeurs morales mais cela reste un parcours très personnel, nécessitant une motivation très personnelle, ou une intuition très forte.

Par le passé les valeurs morales étaient imposées par la peur et la coercition. Cette manière de faire était habituelle il y a encore 50 ans. Aujourd’hui, les parents réagissent contre la coercition et se croient souvent plus évolués et libérés des conséquences négatives  d’une telle éducation. Pourtant il n’en est rien car l’instauration d’une permissivité au nom de « il faut permettre à l’enfant d’exprimer sa créativité » a des conséquences  identiques à la coercition, à savoir : la violence.

Les conséquences sont identiques car le fonctionnement psychique est ainsi fait qu’on ne peut remplacer une attitude par son contraire. En effet, il faut être « en vérité » et non pas « en réaction contre » ou « en identification avec ». 

« Etre en vérité » cela signifie que nous avons compris les tenants et les aboutissants d’une certaine situation et que nous savons ajuster notre attitude à la spécificité de la relation avec l’autre, dans l’ici-et-maintenant.

« Etre en vérité » consiste à remplacer la morale par l’éthique, c’est-à-dire passer d’un copier/coller à une attitude ajustée à la réalité du moment, en toute relativité.

Comment travailler à être « en vérité » et non « en réaction contre » ou en « identification avec » ?

La première étape sera de comprendre le fonctionnement de notre psychisme et donc, pour cela, d’avoir recours à notre intellect.

Comprendre que là où nous rencontrons une difficulté il s’agit de la répétition d’une attitude fausse. Cette attitude fausse est une attitude connue, habituelle, souvent partagée par la plupart des gens ; elle n’en reste pas moins fausse pour autant.

Il va donc falloir remplacer l’attitude à laquelle nous sommes habitués, souvent depuis plusieurs générations, par une attitude nouvelle, ajustée à la réalité présente.

Cela ne s’opère pas sans peur, sans culpabilité, sans sentiment d’être infidèle à une lignée généalogique ou à nos proches. Pourtant si nous voulons nous construire dans une harmonie relationnelle à soi et aux autres, il faudra bien en passer par là. 

Pour trouver et adapter cette attitude nouvelle il faudra comprendre plusieurs choses :

-         comprendre que la difficulté  rencontrée est la réactualisation d’une situation passée,

-         comprendre que les griefs que nous exprimons sur : l’autre, la situation, la politique, les voisins, etc… sont des griefs qui s’adressent en vérité à nos proches, à nos parents, à notre enfance, à nos premières expériences relationnelles, pour ne pas dire plus.

-         Comprendre ensuite que nous avons souffert d’une incompréhension, d’une injustice, d’un abus, etc. et en retrouver la trace émotionnelle.

-         Mettre en mots cette émotion car quand nous étions enfant nous n’avions ni le discernement, ni les mots, pour nommer et donc comprendre ce que nous vivions.

-         Et ensuite, après analyse de la situation, réactualisation du passé et mise en mots, l’attitude juste s’imposera d’elle-même.

-         Néanmoins il restera une dernière étape : agir en conséquence.

Prenons un exemple : si je me dispute avec mon mari parce qu’ il me dit qu’à cause de moi il ne peut pas travailler et que je comprends, après réflexion et analyse, que c’est exactement ce que mon père ressentait quand je suis née, car ma naissance l’a obligé à renoncer à son travail d’artiste, pas suffisamment lucratif, mon attitude vis-à-vis de mon mari va changer et je ne réagirai plus avec colère et réactivité à ses attaques parce que je comprendrais qu’il m’était donné de revivre la même injustice que celle que j’avais subie à ma naissance. Ne me sentant plus attaquée je pourrais en parler calmement avec lui, le libérer de ses projections sur moi et lui permettre d’assumer la responsabilité de sa propre vie : s’il ne travaille pas c’est qu’il ne s’en donne pas les moyens et je n’y suis pour rien.  En me libérant, je le libère.

Là, où précédemment existaient en moi colère, agressivité et désir de vengeance, existe maintenant  compréhension,  calme, disponibilité, spontanéité et joie de vivre.

Je ne m’oblige pas à pardonner, à comprendre, ou à accepter : je vis en harmonie avec moi-même et avec l’autre par le travail fait sur moi-même.

Pour revenir à l’interview qui précède je dirai que l’identification aux valeurs morales d’une personne admirée ne permet pas d’accéder à soi-même. Ce que je veux démontrer c’est que l’apprentissage des valeurs morales reste la première étape d’un long cheminement vers soi-même. En effet il faut vivre les valeurs morales et non pas  vivre selon des valeurs morales.  C’est bien différent : d’un côté nous sommes dans un copier/coller, de l’autre nous sommes dans une attitude éthique, c’est-à-dire dans une intégration de ces valeurs.

Dans l’exemple de l’interview qui précéde David Servan-Schreiber nous montre qu’en s’identifiant à son père il s’est privé de vivre selon ses propres valeurs personnelles. Or, ce monsieur avait pourtant fait 10 ans de psychanalyse, mais  il n’a  pas pu entendre ce qu’il disait quand il parlait de son père : J’habite l’appartement dans lequel il a vécu toute sa maladie, je suis assis sur le fauteuil où il était assis, j’ai la même canne, je porte les mêmes chaussures, je suis assis à la même place à table, je regarde les mêmes films… Cela me procure un sentiment de continuité.  

Comment n’a-t-il pas pu entendre qu’il était installé dans une identification telle, qu’il n’avait plus d’espace personnel où exercer sa différence, sa spécificité individuelle ?

Le sentiment de continuité dont il parle est plutôt un sentiment de similitude. Or, la similitude n’est pas la continuité et même la continuité ne transmet  pas  de valeurs. En fait, le message qu’il transmettra –à son insu bien évidemment car toute transmission s’opère par une relation d’inconscient à inconscient- sera : « admire ton père et renonce à toi-même ».

Il faut savoir que la transmission au sens psychologique du terme, se fait d’inconscient à inconscient. L’attitude consciente, la bonne volonté, les bonnes intentions du parent, n’entravent aucunement les transmissions négatives. Ce qui se transmet ce sont, bien entendu :

-         les valeurs positives intégrées par le parent, et grâce à cela nous nous maintenons suffisamment vivant,

mais également, et cela est beaucoup moins drôle :

-         les deuils non faits : manques affectifs non reconnus, haine qui n’est pas nommée, jalousie non acceptée, secrets non avoués, etc…

L’inconscient de l’enfant perçoit tout : le bon comme le mauvais, la plénitude d’une attitude juste comme la perversion d’un mensonge, d’une attitude problématique.

Les exigences du père de David Servan-Schreiber ont certainement exercé une violence sur le caractère probablement plus doux du fils. Mais en tant qu’enfant comment faire pour se faire respecter dans sa différence ? Si l’enfant n’essaie pas de coller aux exigences du père il prend le risque d’être rejeté, de n’être plus aimé et d’être ainsi mis dans une position dangereuse pour sa vie psychique : l’important étant d’être aimé « à tout prix » mais le prix à payer est parfois très cher quand il s’agit du prix de sa propre vie.  

De plus, il existe un autre handicap majeur pour un enfant, c’est d’avoir  un père admiré de tous. Comment, avant qu’un minimum de confiance en soi soit développé, peut-on rivaliser avec la position d’un tel père ? L’enfant est seul contre tous. Comment, dans ces conditions,  oser un ressenti différent de la majorité ? L’enfant est voué à la perdition de lui-même dès le départ et aucune réussite sociale et ou professionnelle ne viendra invalider  ce fait.

La réussite sociale et professionnelle n’est pas toujours la concrétisation d’une relation équilibrée à sa propre subjectivité. Le plus souvent il s’agit d’une compensation des manques affectifs par désir de se faire aimer. Ces manques affectifs resteront agissant et se manifesteront par des symptomatologies diverses et variées : de la maladie légère ou grave au rapport de pouvoir plus ou moins manipulateur. Lire à ce sujet les livres d’Alice Miller : « L’avenir du drame de l’enfant doué » et « C’est pour ton bien ». 

Dans le passage de l’interview qui suit, tout est dit :

Tu sembles avoir une grande force en toi, qui t’a permis, sans doute, de mener tous tes combats. Sais-tu d’où elle te vient ?

D.S.-S. : Si c’est vrai, elle me vient de mon père.

La vie biologique lui vient de son père mais la force lui appartient en propre.  Et il l’a bien démontré en se battant vingt années contre la maladie. Il ne s’agissait, dans ce cas précis, que de lui seul. Pourtant il en doute : « Si c’est vrai ». Et ne peut s’autoriser à s’en attribuer la qualité. C’est-à-dire qu’il ne se reconnaît pas une qualité propre en dehors de celles de son père.  Les moralisateurs pencheront pour de la modestie, voilà encore une autre manière de se voiler la face….

Penses-tu particulièrement à lui aujourd’hui ?

D.S.-S. : Oui. Il y a une photo de lui là, sur le mur. On se regarde souvent…. Il a toujours eu des attentes assez exigeantes à mon égard. Cela me rassure de les remplir. C’est un peu comme aller mettre des cierges dans les bons endroits.  

Qu’il pense à son père ou qu’il n’y pense pas, il n’en reste pas moins habité par lui.

Dans le cas qui nous occupe ici, il l’avoue tout simplement, là où d’autres s’en démarqueraient.

Et nous pouvons comprendre que cela le rassure d’obéir aux exigences de son père. Il évite la transgression, signe d’appartenance à soi-même, et la culpabilité qui en résulte obligatoirement.

David Servan-Schreiber croit qu’il vit selon des valeurs alors même qu’il est vide de lui-même : il est seulement identifié aux valeurs de son père. S’il avait osé transgresser les exigences de son père et s’opposer à lui, peut-être qu’au jour d’aujourd’hui vivrait-il exactement selon les mêmes valeurs que celles vécues par son père ; mais à la seule différence que ces valeurs-là il les aurait faites siennes, ils se les auraient appropriées, il les aurait intériorisées. Et la transmission faite alors à ses enfants serait positive.

Ainsi en est-il. Quand un être humain est identifié à un autre être humain c’est qu’il n’existe pas par lui-même. S’il adhère aux valeurs de l’être auquel il est identifié c’est qu’il n’a pas découvert ses propres valeurs. Il peut penser que les valeurs auxquelles il s’est identifié sont de bonnes valeurs, et certainement le sont-elles, mais ce qui permet d’Etre en vérité ce n’est pas d’être identifié à « de bonnes valeurs » mais de les avoir intégrées et de les vivre.  Et pour cela il faut être passé par la case « transgression » de la loi familiale. « n’aies pas peur de te perdre, nous disait, en substance, Rabbi Nachman, si tu veux avoir une chance de te trouver ».

Transgresser la loi familiale signifie remettre en cause les valeurs bonnes et les mauvaises que nos parents nous ont transmises. Ce passage s’opère plus ou moins bien à l’adolescence mais parfois il ne se fait pas du tout, ou beaucoup plus tard au cours d’une thérapie.  En tout état de cause il est impératif, pour l’évolution d’une personnalité que cette remise en question puisse se faire. Car la loi du clan est bien souvent très différente de la Loi avec un grand L. 

L’identification ou la transgression ?

Une identification ne permet pas une intégration. Seule la désidentification permet l’intégration et l’accès à une autonomie psychique. Or, se désidentifier c’est transgresser la loi du clan. Dans la Bible il est écrit :

על-כן יעזב איש את אביו ואת אמו ודבק באשתו והיו לבשר אחד

c’est pourquoi l’être humain  abandonnera (consciemment) son père et sa mère pour s’attacher à son intériorité et ensemble ils ne feront qu’une seule et même chair.

Pour qu’un abandon soit un véritable abandon il faut qu’il soit fait consciemment, il faut que cet abandon ait du sens et qu’il soit le fruit d’un processus de conscience et non d’un acte violent en réactivité à l’autre.

Cet abandon dont il est là question n’est pas un abandon physique puisqu’il est dit ailleurs que l’on doit le respect à ses pères et mères, et leur accorder le gîte et le couvert si besoin est. Il s’agit donc de l’abandon de la transmission parentale. Cet abandon n’est pas synonyme de  rejet mais c’est le chemin pour pouvoir accéder à  son intériorité, à sa spécificité en tant qu’être humain. Car il nous est impossible de faire Un avec nous-mêmes, avec « la chair de ma chair », si nous sommes habités par les désirs, les craintes, les interdits parentaux.

En conclusion je dirais que seul un travail sur soi en profondeur, un travail de mise en conscience de ce qui était jusqu’alors inconscient,  permet d’accoucher d’une personnalité plus saine, plus juste, plus heureuse, pour le plus grand bonheur de tous.

 

 

 

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29 août 2012

LE NOMADE ET LE SEDENTAIRE Les premières étapes

LE NOMADE ET LE SEDENTAIRE

  

Les premières étapes du développement de l’être humain

Parmi les premiers principes dont la Torah nous parle, j’en expliquerai deux à la lumière de la psychologie d’aujourd’hui. Il s’agit de Caïn et d’Abel.

Caïn et Abel représentent deux types fondamentaux d’êtres humains : le cultivateur et le berger. L’un a choisi de s’installer et l’autre de bouger. Je ne me situerai pas au niveau  objectif et concret mais au niveau plus subtil et plus subjectif de la psychologie de l’être humain. Il existe parmi nous des personnes qui s’installent et s’identifient à leur environnement et d’autres qui ont « choisi » de partir à la découverte d’eux-mêmes au sein même de leur lieu de vie.

Ceux qui s’installent à l’instar de Caïn sont représentés par les personnes  qui vivent dans un système « d’identification ». Ces personnes sont identifiées, c’est-à-dire qu’elles adhèrent totalement à toutes les valeurs objectives : à leur profession, à leur position sociale, à leurs idées, aux modèles environnementaux, au consensus social, etc. Ce sont les possédants : ils veulent posséder : la terre, l’argent, l’autre (le conjoint, les enfants, etc), en un mot ils veulent garder le pouvoir. Ce sont des personnes dans la conviction, dans les croyances, dans les idées toutes faites, dans une parole utilitaire, une parole qui ne parle pas, au sens où seule  la parole signifiante fonde la spécificité humaine. Ils fonctionnent à partir du concept de « pouvoir » et non pas « d’autorité », comme il se devrait.

Ces personnalités abritent une grande violence intérieure (inconsciente) qu’elles dénient. Ce déni de leur réalité intérieure se traduit de deux manières :

-         ce sont des personnes qui masquent ce déni en adhérant au monde extérieur sous toutes ses formes : des formes les plus simples vécues au sein des familles, aux formes plus complexes des institutions politiques, sociales et/ou religieuses. 

-         et l’autre manière de dénier cette violence intérieure c’est de la projeter sur l’autre. Le juif, depuis toujours, a joué ce rôle de support projectif à la violence inconsciente et déniée des peuples.

Pour résumer je dirais que ce type de personnalité, le type « Caïn » sont des personnes qui  veulent développer une « bonne image d’eux-mêmes ».Ce sont des personnes qui ont une grande volonté de réussir avec les outils de l’objectivité.

Il est dit de ce type d’humains, le type Caïn, qu’il « a été acquis » par Hawa : J’ai acquis un homme, avec l’Eternel ! soit une double aliénation dans le sens où :

-         cette humanité « Hawa » en se réclamant du divin, en justifiant sa position comme étant en droite ligne avec le divin, fait du divin un partenaire à part égale marquant ainsi le déni qui existe de la séparation ontologique, radicale, entre le créateur et sa créature. L’Autre n’existe pas car il est ramené à du même. L’Etre est ramené à être un partenaire. Le Tout Autre est objectivé, réifié. Il devient un petit autre, un partenaire.

 Le juif, quant à lui, prend en compte cette séparation ontologique. C’est pour cela      qu’il est nommé « hébreu » de la racine hébraïque « Ivri », celui qui est passé « de l’autre côté ». Cet « autre côté » prend en compte ou institue la séparation entre un côté et l’autre, entre le « petit autre » et le « Grand Autre », entre une manière de penser, de se comporter, et une autre manière d’Etre, une manière d’Etre Autre dans le même monde.

- et, deuxième type d’aliénation : « acquérir » un homme, comme il est dit dans le texte, c’est enfermer l’autre dans un statut d’objet : Caïn est le fils de sa mère. Pas d’ouverture pour lui. Il est possédé et il possède car il dépend d’un autre, d’un « petit autre ».

Notre  humanité abîmée a perdu le lien avec son origine (Adam), l’être humain dans une relation lumineuse à lui-même et à l’autre,  et substitue à cette absence de transparence une image du divin. Cette humanité ne peut donc pas engendrer un être sain, indépendant, séparé. Caïn  a été acquis, comme un objet, il est donc possédé et il possède. Il est d’entrée de jeu, aliéné par la collusion qui existe entre une motivation originelle faussée et l’image du divin qui vient « équilibrer » cette position faussée.

Et puis nous avons le deuxième type d’être humain : les Abel. Abel signifie, buée, vapeur. Celui qui ne possède pas. Celui qui est disponible. Celui qui sera en vérité, dont l’action sera en accord avec son intention : son sacrifice sera agrée alors que celui de Caïn sera refusé. Caïn est celui qui a fait son sacrifice pour s’en débarrasser, comme une corvée, comme une obligation dont il faut bien s’acquitter. Abel, quant à lui, a fait son sacrifice par don, en toute gratuité, par plaisir de le faire, par motivation intuitive, par ouverture à l’Autre, au mystère de vie dont il se sent porteur. 

Abel est la personnification des gens simples qui agissent honnêtement sans le vouloir, sans toujours le savoir. Ils sont forts, plus forts en vérité que le type d’être humains « Caïn »  mais ces derniers les auront par la ruse car la nature honnête des « Abel » ne les prédisposent pas à s’en méfier.

Caïn, le possédant,  tuera Abel, par jalousie, par impérialisme, pour conserver une bonne image de lui, pour ne plus avoir sous les yeux celui qui est en vérité alors même que lui-même est piégé. Caïn ne peut concevoir la notion de gratuité.  Il agit par devoir. Abel agit par intuition du « Tout Autre ».

Caïn tuera Abel pour rester dans la toute puissance de son aliénation et dans le déni de cette aliénation. C’est le type même de tous les extrémistes qu’ils soient athées ou religieux, simples membres d’une famille ou à la tête d’un pays. Ce sont des personnes qui se réclament d’une idéologie ou d’une religion et qui, de part leur identification à ces valeurs, ne peuvent accorder à l’autre une place pour exister face à eux. Ils ne supportent aucune altérité, aucune différence : ils sont piégés dans une appartenance.

Cette position statique entraîne bien évidemment une culpabilité (la culpabilité vient occuper l’absence d’espace intérieur ;  nous ramenant ainsi au fonctionnement paradoxale du psychisme) que les Caïn ne semblent pas ressentir : suis-je le gardien de mon frère ? nous montrant par cela même qu’il se défend contre ce qu’il ne veut pas admettre. 

La réalité psychique ne se laisse pas dominer par le déni de l’être humain et celui-ci aura incontournablement, à en subir les conséquences : Caïn perd son statut, sa position, sa place, la terre ne lui prodiguera plus sa force. Il sera errant et vagabond. Il mourra sous les coups d’un de ses descendants. 

Errant et vagabond ne signifie pas qu’il se déplace sur la terre car la Torah nous explique qu’il s’installe et qu’il prend femme. Errer et vagabonder signifie, dans le langage biblique : ne plus être dans une position de vérité, de justesse, de connaissance, d’unité intérieure. Mais passer d’une croyance à une autre, d’un rite à un autre, d’une manière de penser à une autre, etc. Le mouvement qu’il n’a pas intérieurement, piégé qu’il est dans la possession où sa mère l’a installé, il cherchera à le retrouver en passant d’un objet extérieur à un autre, et ainsi de suite dans une quête sans fin, sans but, sans signification jusqu’à ce que la mort vienne mettre un terme à cette folie.

Cette histoire nous renseigne sur le paradoxe fondamental de notre fonctionnement :

-         être aligné, c’est être unifié intérieurement : je pense une chose, je la dis et j’agis en conséquence. Cet alignement intérieur permet une séparation d’avec celui qui n’est pas moi et instaure de ce fait l’altérité et la possibilité du mouvement relationnel avec celui qui agit ainsi.

-         Etre divisé, c’est chercher à l’extérieur de soi, dans un mouvement privé de racines, une compensation à l’absence d’unité intérieure. Quand j’ai trouvé un engagement extérieur quelconque, j’y suis identifié et je ne permets pas à l’autre de m’insécuriser. Cette position statique empêche tout mouvement relationnel, toute altérité et suscite une violence à la hauteur de l’adversaire supposé. 

A la suite de Caïn et Abel viendra plus tard  un autre « enfant », un autre fils, une autre étape : Chèt. Une troisième et dernière tentative qui sera, celle-ci, la première de toute une lignée générationnelle. Chèt aura lui-même un fils, Enoch : Alors on commença d’invoquer le nom de l’Eternel. (Béréchit § IV v. 26). C’est-à-dire que l’être humain  commence à comprendre qu’il existe une loi.  La loi du comportement humain. Notre manière de nous comporter, de penser, de parler, est signifiante et suscite des conséquences au niveau événementiel.  Les événements ont un sens (une signification) et un sens (une direction) et nous en sommes responsables. L’être humain prend conscience que nous sommes installés dans une histoire obscure qui ne demande qu’à être éclairée afin de retrouver ce rapport lumineux à nous-mêmes du premier couple adamique.

 

 

 

 

29 août 2012

MOISE OU LA SORTIE DU DETERMINISME Si la Bible

 

MOISE

OU

LA SORTIE DU DETERMINISME

 

 

 

Si la Bible est le livre le plus lu au monde ce n’est pas parce  c’est un livre d’histoire religieuse mais bien plutôt parce que son récit, de toute éternité, nous parle de nous et nous enseigne  les lois qui nous régissent : lois de la nature et  lois de la spiritualité. Il faut bien évidemment pouvoir décrypter cet enseignement et nous l’approprier afin de progresser dans la connaissance.

Il existe 4 grandes manières de lire la Torah, du sens littéral au sens secret en passant par le sens allusif et symbolique. Mais il existe 70 manières de l’interpréter. Mon interprétation se fonde sur mon expérience clinique et sur ma connaissance actuelle des textes.

 

J’aime à prendre l’exemple de Moïse et de la sortie d’Egypte pour aider mes patients à donner du sens à leur histoire individuelle. En effet, ce récit n’aurait qu’un intérêt très limité si nous le cantonnions à un événement qui s’est déroulé il y a 3000 ans. Si ce récit  m’intéresse autant c’est qu’il nous apprend que le destin de l’être humain n’est pas de rester cantonné aux lois de la nature et donc du déterminisme de nos pathologies individuelles mais de pouvoir exercer un libre-arbitre afin de travailler à la pleine réalisation de nos identités spécifiques. Nous verrons un peu plus loin que, paradoxalement, le libre-arbitre consiste à respecter la parole divine. Ce respect de la parole divine sera, pour chacun d’entre nous, un processus qui devra prendre en compte nos maturités respectives, sous peine de sombrer dans l’idolâtrie d’une pratique vidée de sens.

 

 

LES DEGRES DE REALITE

 

Les lois de la nature dans lesquelles nous sommes inscrits et qui correspondent dans la tradition juive au terme « Elohim » ne constituent qu’une partie de notre réalité : notre déterminisme. En effet, nous ne pouvons rien changer à ce qui nous constitue d’une manière déterminée : notre sexe,  l’époque et le pays dans lequel nous sommes nés, nos gênes, l’espace et le temps. Pourtant l’être humain peut accéder à une autre dimension de la réalité, s’il le désire. Et c’est Moïse qui nous l’enseigne.

 

Ce dépassement des lois de la nature fut préalablement inauguré par Abraham qui, après avoir vu dans les étoiles que son destin était prédéterminé, eu l’intuition qu’il existait une autre dimension. Il décida d’écouter cette intuition et pour se faire « d’aller vers lui-même », « vers une autre terre », la terre de la promesse… Il sortit de  l’endroit où il était installé, de ses habitudes, de ses croyances, pour partir vers… l’inconnu. Il donna ainsi naissance à un type d’êtres humains qui écoutent leur voix intérieure et qui décident de la traduire en actes.

 

Moïse s’inscrit dans cette lignée-là. Bien qu’étant Prince d’Egypte il appartient à cette catégorie d’individus appelés « Hébreux »,  « ceux qui sont passés de l’autre côté du fleuve », c’est-à-dire, ceux qui ont l’intuition qu’il existe  un « au-delà » aux lois de la nature.

 

Cet « au-delà » se définit par une qualité de relation au monde, à soi et donc aux autres et une manière éthique de se conduire. Cette manière d’Etre va très souvent à l’encontre du contexte ambiant et un très petit nombre de  personnes ont le courage d’oser la déstabilisation qu’entraîne le respect de soi-même, le respect d’une spécificité individuelle.

 

Moïse, ce Prince  d’Egypte, qui pourrait n’avoir que mépris pour les esclaves de son royaume, est révolté par le traitement qui leur est fait et son sens de la justice lui fait commettre un acte irréversible,  il tue un représentant du clan social auquel il appartient : le contremaître égyptien qui  maltraitait les esclaves hébreux. Cet acte entrainera sa perte : il devra fuir et abandonner  son pays, sa famille, son statut social. Il n’a  plus rien, il  n’est plus rien.

Le peuple dans lequel il se reconnaît avoir des liens d’affinité, c’est-à-dire le peuple hébreu, est également dans une situation de précarité et de dénuement extrêmes. Ce peuple a, lui aussi,  tout perdu et est maintenant confronté à la mort de son futur par le meurtre de ses enfants mâles.

 

Moïse quitte donc son connu et part vers son destin. Il arrive à Midian, sauve les filles de Jéthro des bergers et fait boire leurs troupeaux. Il est accueilli par le Prêtre de Midian et épouse une de ses filles. Il devient berger et à son tour garde les troupeaux. De la position la plus haute qu’il occupait en Egypte il se retrouve  le plus humble parmi les humbles : gardien de troupeaux.  

Alors qu’il est dans cette position de grand dénuement  il va vivre une expérience mystique déterminante qui le déstabilisera totalement  et qui s’imposera à lui de façon définitive.

 

L’EXPERIENCE MYSTIQUE DE MOISE

 

Libéré de tout souci matériel, Moïse, seul à la tête de son troupeau va faire une expérience subjective fondamentale : il comprend que la dualité dans laquelle nous sommes créés n’est pas  seulement constituée  de deux pôles contradictoires qui ne peuvent que s’opposer mais que ces contraires peuvent donner naissance à une unité qui les englobe tous deux. Cette expérience mystique, intransmissible, nous est décrite sous plusieurs formes ayant le même dénominateur commun : une transgression majeure des lois de la physique :

-          le buisson était en feu et cependant ne se consumait point.

-          Moïse jette sa verge à terre, et elle devint un serpent. Il le saisit par la queue  et il redevint verge dans sa main.

-          Il mit sa main dans son sein, l’en retira, et voici qu’elle était lépreuse, blanche comme la neige. Il remit sa main dans son sein, puis il l’en retira, et voici qu’elle avait repris sa carnation.

 

Moïse comprend qu’il existe au-delà des lois de la nature, quelles soient végétales, animales ou humaines,  une réalité autre que l’on peut nommer « réalité spirituelle ». Ou encore, que la réalité, telle que nous la connaissons revêt différentes dimensions, qui se superposent les unes aux autres et auxquelles nous pouvons avoir accès, sous certaines conditions.

 

Il lui est dit : « l’endroit que tu foules est un sol sacré ! ». D’après son étymologie le mot « sacré » signifie  séparé ! Il ne s’agit pas d’un autre sol mais d’un sol autre, un sol d’une autre qualité. C’est  toujours la même terre, mais elle peut être perçue de façon différente. De façon qualitative et non plus seulement objective.

 

Commence alors pour Moïse un terrible  débat intérieur: il perçoit la grandeur et les possibilités extraordinaires de la dimension qualitative à laquelle il se connecte mais il ne peut consentir à obéir à cette intensité. C’est trop grand, c’est trop fou !

Pourtant cette voix intérieure devient de plus en plus impérieuse et s’impose et impose. Mais comment parler de tout cela ? Qui le croira ? Qui comprendra ? Lui-même vivant cette expérience ne peut l’assimiler facilement. Pourra-t-il traduire en mots ce qu’il vient de vivre et qui échappe à toutes les catégories connues de la nature ?  Pourra-t-il traduire en actes ce à quoi il vient d’avoir accès ? Pourra-t-il incarner l’Unité de Celui dont on ne peut prononcer le nom car « Il Sera ce qu’Il Sera » : une mise en paroles et en actes de ce qui s’impose en nous comme étant une vérité ?

 

Moïse sait que s’il consent à suivre cette voix en lui il va entrer dans un  processus de difficultés majeures qui, par un juste retournement des choses, ira jusqu’à la destruction de Mitsraïm, économiquement et culturellement par la mort de ses premiers-nés. Mais, pour que ce retournement ait lieu Moïse devra opérer en lui une alchimie douloureuse qui le déstabilisera totalement. Car Moïse ne retourne pas en Egypte avec une armée pour libérer le peuple ! Il n’est pas habité par le désir de se venger de ce que le pouvoir lui a fait subir en le chassant. Ce n’est pas un révolté qui part faire sa révolution. Il part seul avec Aaron. Deux hommes désarmés mais non point démunis !

 

Cette libération dont il est question n’est pas une révolte mais une alchimie intérieure : de l’Egyptien qu’il était, Moïse va se transformer en Hébreu. Et par sa Téchouva entrainera derrière lui tous ceux qui en feront autant.

Cette Téchouva va le conduire dans des endroits inattendus de son psychisme où il fera l’expérience de l’échec du rapport causal et linéaire qu’il entretient encore avec lui-même : « Mon Dieu pourquoi as-tu rendu ce peuple misérable ? Dans quel but m’avais-tu donc envoyé ? Depuis que je me suis présenté à Pharaon pour parler en ton nom, le sort de ce peuple a empiré, bien loin que tu aies sauvé ton peuple ! ».


Bien avant lui Abraham avait vécu la même expérience : il recevait l’ordre de sacrifier son fils, alors même que ce fils était le symbole de la sortie de son déterminisme (car il avait vu dans les étoiles qu’il n’aurait pas d’enfant).

 

Ces deux personnages vivent des expériences qui les amènent à comprendre que  le rapport horizontal à l’existence qui est objectif, causal, temporel, et que notre intelligence intellectuelle nous permet d’appréhender, ne constitue pas toute la réalité. Il   existe aussi, dans le même temps, la possibilité d’une relation verticale qui elle, fonctionne selon d’autres lois qui sont  qualitatives,  circulaires, progressives et atemporelles.

Seul le respect de notre subjectivité, de notre intériorité, de notre « Isha » intérieure permettra de développer cette relation verticale.  Moïse en fait l’expérience dès sa première confrontation avec la réalité extérieure. Les choses ne marchent pas simplement, facilement, objectivement, comme il le pensait ou comme il le ressentait avec sa sensibilité extérieure et ses bonnes intentions. Il fait l’expérience du rapport au Tout Autre, qui nous habite, et avec lequel nous pouvons être en relation, mais qui ne nous obéit pas.

 

Toute proportion gardée, cette première plainte de Moïse n’est-elle pas la même que celle de celui qui commence à relever  la tête face à un patron tyrannique ou face à des parents toxiques ? Sa situation devient beaucoup plus inconfortable que s’il restait en position de victime soumise.

Il a beau être réassuré quant au bien fondé de son action, il est confronté à un terrible sentiment de solitude : Moïse redit ces paroles aux enfants d’Israël ; mais ils ne l’écoutèrent point…

Désillusion, solitude, voilà par quoi commence le chemin vers soi-même et vers le Tout Autre qui s’y cache.

Avant que Moïse puisse opérer une sortie de l’esclavage il lui faudra, à l’instar d’Abraham,  affronter 10 épreuves car il est prit en étau entre Pharaon et les Hébreux et les armes qu’il utilise ne sont pas les siennes. Sa foi devra chaque fois se renforcer. Ces épreuves  seront une occasion de chute pour certains et une occasion de prise de conscience pour d’autres.

A l’issue de ces épreuves certaines identités seront construites et la porte s’ouvrira pour ceux qui auront accomplis cette alchimie intérieure. Pour les autres se sera la destruction et la mort.

  

Pour ceux qui ont su voir dans ces plaies un sens au-delà de la seule objectivité, la porte de la liberté s’ouvrira mais pour que cette libération soit complète et définitive il leur faudra accéder à une autre étape : être enseigné sur  les lois spirituelles. Car si les Bn’ei Israël n’intègrent pas la Loi ontologique ils seront sans repères et n’auront qu’une envie : retrouver les repères de la seule objectivité visible et démontrable.

Moïse va donc leur transmettre le mode d’emploi pour qu’ils puissent se réapproprier le processus afin de l’intégrer à titre individuel. Ce sont les 10 paroles. 

 

NOTRE LIBERATION

 

L’expérience paradigmatique de Moïse doit nous servir d’exemple pour accomplir notre propre libération individuelle et, -en qualité de membres responsables au sein du peuple juif- collective.

Il faut avoir le courage de reprendre à notre compte le processus dont Moïse nous montre le chemin. Dans ce texte le processus nous est décrit étapes par étapes dans des 10 plaies.

 

Nous sommes attaqués dans les midot qui ne sont pas développées en nous.  

 

-          Les eaux changées en sang.

Prise de conscience d’un problème d’identité. Quand notre identité n’est pas construite nous sommes habités par différents types de haines qui conduisent au meurtre symbolique ou réel.

-          Les grenouilles.

De même que la grenouille sort de l’eau (l’indifférencié) pour sauter sur le sec (l’objectivité) nous ne devons pas rester fondu dans le groupe, anonymes parmi des anonymes, mais nous affirmer dans notre spécificité individuelle. Quand nous sommes indifférenciés au sein du groupe, nos croyances nous servent de repères identitaires et nous souhaitons les imposer aux autres pour nous convaincre du bien-fondé de notre position.  

-          La vermine.

L’affirmation de la différence se fait alors dans le rapport de pouvoir et la violence qui en émane plutôt que par l’autorité et l’exemple qu’elle enseigne. Pour se faire la personne doit retrouver son sens de l’honnêteté et l’assumer envers et contre tout.

-          Les taons ou les bêtes féroces.

Il va nous falloir descendre dans nos ténèbres intérieures pour nommer les instincts qui nous habitent afin de ne plus être dominés par eux.

-          La peste.

La parole qui nommera en vérité notre réalité intérieure nous préservera de toutes sortes de destruction : maladie,  accidents, etc. Toute parole non reliée à sa symbolique qui l’enracine dans sa dimension ontologique est une parole qui détruit car elle réifie.  

-          Les boursouflures

L’égo devra être réduit à sa plus simple expression et ne pas créer de boursouflures à la surface du Moi. Il doit rester l’outil qui ne permet d’aller et venir entre extériorité et intériorité.

-          La grêle.

Les bénédictions seront transformées en malédictions si la prière reste un exercice mental sans lien avec ma subjectivité et mon action dans le monde.

-          Les sauterelles.

Apprentissage de l’humilité par acceptation de notre impuissance face aux mouvements de groupe et aux grandes idéologies.

-          Les ténèbres.

Obscurité et incertitude seront le lot de ceux qui ne sont pas en connexion avec leur intériorité.  Lumière de la compréhension pour les autres.

-          La mort des premiers-nés.

Ce que tu auras fait à autrui te reviendra sous une forme symbolique identique.

 

Seule l’affirmation de ta différence au sein de ta maison, (le sang sur les linteaux), c’est-à-dire à tes propres yeux, te préservera et sera à l’origine de ta libération. Tu n’imposes rien aux autres, tu travailles à ta libération.

 

Ces différentes prises de conscience œuvrent à nous nettoyer de « l’ancien » (et non pas du passé) pour nous préparer au « nouveau » (et non pas à l’avenir), car l’ancien et le nouveau sont du présent.

 

Une fois ce premier parcours effectué, ce nettoyage de « l’ancien » en nous,  il nous faut recevoir de nouvelles règles, des règles de vie, de développement de la vie en nous. Car la vie est un processus d’accomplissement qui n’aura pas de fin. Ce « mode d’emploi » pour vivre est concentré dans les 10 paroles. 

 

La première des paroles est une affirmation : Je suis l’Eternel ton Dieu  qui t’ai  fait sortir de la terre de Mitzraïm, de la maison des esclaves.

Cette affirmation est un mouvement qui conduit d’une situation d’enfermement vers une ouverture. C’est le Désir, la pulsion de vie en nous, qui nous pousse à sortir  de la dépendance à l’autre pour une obéissance à l’Autre ; c’est cela le libre-arbitre : être dans la connaissance des lois spirituelles et les respecter et c’est ce qui nous conduit à la pleine réalisation de nous-mêmes (chemin asymptotique s’il en est).

 

Deuxième parole :

Ne pas se mettre sous la coupe d’autres « dieux » : ne pas s’identifier aux valeurs sociales, scientifiques, économiques, politiques, idéologiques, religieuses, etc. Ne doit exister pour l’hébreu que le rapport vertical au Tout-Autre ou, pour être plus précis : les valeurs du monde horizontal doivent être vécues dans un perpétuel rapport à la verticalité, c’est-à-dire à l’éthique.

 

Troisième parole :

Ne pas utiliser le Nom en vain. C’est-à-dire ne pas utiliser le concept de D. pour justifier nos actions. Comme le font les religions instituées qui agissent « au nom de D. »

 

 

 

 

Quatrième parole :

Tu es libre, tu vas travailler « pour faire ». Il y a une règle : travail pendant 6 jours et bilan du travail le 7éme jour : mon action a-t-elle été conforme à l’éthique et au respect de moi-même ?

 

Cinquième parole :

Tu es libre, autonome, bien que tu sois inscrit dans une chaîne de transmission par tes parents. Tu dois pouvoir leur redonner la place qui est la leur, et toi, occuper la place qui est la tienne. Le lien entre vous est un lien de transmission et non pas un lien de dépendance.  

 

Les 5 autres paroles portent sur les rapports que tu vas avoir avec les autres. Comment vas-tu gérer tes envies, tes désirs, ta convoitise ?

Il y a risque de meurtre, de s’emparer de ce qui n’est pas à toi, d’accuser l’autre.

 

Voilà donc le plan de base dont l’application est nécessaire pour intégrer une libération qui ne peut être que physique au départ.

Car ce que Moïse nous enseigne ce n’est pas le travail sur l’extériorité : avoir un plan, une stratégie, une politique, une force, un pouvoir, une influence, des alliances, etc… mais un travail sur l’intériorité. Ce travail sur l’intériorité n’est pas exclusif du reste mais ce reste doit lui rester soumis.  

Cette différence entre « travail sur soi » et « position de pouvoir » est très bien illustrée par le conflit qui éclate entre Moïse et Kora’h. Au niveau de l’apparence extérieure Moïse est un chef, un stratège, un homme de pouvoir à qui on peut disputer ce pouvoir. Kora’h n’ayant pas accès à sa propre intériorité ne verra chez Moïse que cette apparence extérieure et il ne verra aucun obstacle à revendiquer pour lui-même la position de Moïse. Il ne voit pas qu’il existe une différence de nature, une séparation qualitative entre eux. Moïse est relié à ce mystère, à ce processus de vie qui n’obéit pas aux seules lois de la réalité objective. Il n’occupe pas une position de pouvoir, il occupe une position d’autorité. Ce qui fait toute la différence entre quelqu’un qui agit avec son Ego et quelqu’un qui agit à partir de son Moi en processus de développement.

En apparence les choses sont identiques mais en réalité elles sont différentes, elles sont Autres.

 

C’est le rapport éthique à soi-même qui libère et qui protège. Ceci s’illustre dès la 4ème  plaie quand il est dit que l’Eternel différencie les Bn’ei Israël des Egyptiens pour les protéger des nuisances. Or, les Bnéi Israël sont ceux qui ont compris et qui suivent Moïse et non pas le peuple hébreu en tant qu’entité objective. Car 1/5ème seulement de ce peuple « objectif » sortira d’Egypte. Les 4/5ème restant ont vu eux aussi mais n’ont pas pu adhérer à ce mouvement et ont préféré les fausses stabilités de l’Egypte.  Le sang sur les linteaux de la porte est bien le symbole de la nouvelle identité à laquelle on aspire et que l’on a commencé à mettre en place pour soi-même. 

 

CONCLUSION

 

La sortie du déterminisme, de la soumission à un destin tout tracé : par notre naissance, par notre position sociale, par le fait que nous soyons porteurs d’une transmission transgénérationnelle est possible, à la condition que nous développions notre relation à notre intériorité, à cette dimension subjective de nous-mêmes dont nous ne connaissons rien, si ce n’est qu’une sensiblerie de mauvais aloi qui nous fait prendre « des vessies pour des lanternes ». Si le respect de l’autre n’est pas précédé du respect de nous-mêmes nous sommes dans une relation de pouvoir qui se cache derrière un altruisme  sentimentaliste. Cette erreur de jugement nous conduit à notre perte en nous faisant croire que nous privilégions des valeurs de vie. Il s’agit d’être dans la Connaissance et non pas dans la Croyance d’être dans la connaissance. Moïse est dans la Connaissance et Kora’h croit qu’il peut rivaliser avec Moïse.

Toute la différence est là entre Etre et Croire.

 

 Cela  nous amène à comprendre que la réalité à laquelle nous sommes habitués, une  réalité objective et mesurable, n’est qu’une infime partie de la réalité à laquelle nous pouvons avoir accès.

Nous comprenons alors qu’il existe un monde qui fonctionne avec notre intelligence intellectuelle et un autre monde, qui est le même tout en étant Autre, et qui fonctionne par le respect de notre subjectivité, de notre affectivité. Ces deux mondes, ou ces deux modes de fonctionnement, doivent ne faire qu’Un : Je pense, j’exprime aux autres ce que je pense, et, après réajustement de mes positions par confrontation avec les autres,  j’agis en fonction de ma pensée et de ma parole exprimée.

Je  précise une fois de plus que la subjectivité n’est pas le ressenti. La subjectivité est constituée de toute la dimension expérimentale d’un sujet et non pas seulement d’un simple ressenti ponctuel et éphémère.

Si cette dimension à notre intériorité n’est pas développée nous n’avons pas accès à la Loi éthique mais celle-ci se pervertit alors en morale de bas étage où seules les bonnes intentions ont force de loi avec le poids de mort qu’elles entraînent. Une intention qui n’est pas fondée sur la connaissance sera toujours un choix de mort, pour soi et pour l’autre.  

Ce que Moïse nous enseigne n’est pas une petite histoire dont on peut s’acquitter simplement. Il nous apprend comment choisir la vie et ce choix nous demande d’interroger l’Eternel en nous comme il le fit quand Korah lui disputa le pouvoir.

 

La pratique juive est la mise en acte d’une intériorité. Faire une mitsva sans l’accompagner de la conscience de ce qu’elle représente ne développe aucunement la spiritualité. « Naassé VéNichma » introduit un mouvement perpétuel entre « faire » et « comprendre », « comprendre » et « faire ». Une pratique qui serait vidée de tout respect de soi (certains peuvent faire beaucoup d’autres peu) reviendrait à s’aliéner plutôt qu’à se libérer. Nous resterions  « divisés » et « dépendants »  tout en croyant être « séparés » et « reliés ». La différence est de taille car d’un côté nous « évoluons » vers un enferment  fanatique et de l’autre notre assise intérieure nous permet une  relation de respect et d’amour avec les plus démunis spirituellement.   

Si la grenade est le symbole d’Israël pour nous montrer que nous devons vivre tous ensemble : réunis mais différenciés, le loulav quant à lui nous rappelle que cela doit se faire sans discrimination aucune.  

 

 

 

 

 

 

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Torah et psychologie
  • Ce blog a pour but de faire partager mon travail de psychologue en lien avec la Torah, c'est-à-dire de mettre des mots modernes sur ce texte millénaire afin qu'en reprenant sens pour nous aujourd'hui il nous permette de développer nos capacités de vie.
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